+ DE 100 IDÉES POUR CHANGER TA BIB – Le dossier du numéro 100 de la revue Bibliothèque(s) de l’ABF

Couverture du numéro 100 de la revue Bibliothèque(s)
Barbada de Barbades, drag queen intervenante pour l’heure du conte dans les bibliothèques de la région de Montréal, et qui a accepté de faire la couverture dont nous sommes si fières.
Crédit photo : © Matt Sirois

Nous avons eu l’honneur de nous voir confier le dossier du numéro 100 de Bibliothèque(s). Intitulé “+ de 100 idées pour changer le monde ta bib !”, le dossier compte 178 idées qui témoignent du dynamisme sans cesse renouvelé des bibliothèques, et de la nécessaire adaptation de nos métiers à la société !

Nous avons essayé de relever le défi d’un non-inventaire à la Prévert, en essayant de couvrir au mieux tous les sujets, pour toutes les compétences et pour tous les budgets… Nous avons reçu pour cela l’aide de nombreux·euses bibliothécaires qui nous ont proposé des idées et envoyé des informations précieuses. Merci à elles et eux !

Parmi ces idées, nous avons eu à cœur de citer des exemples illustrant les problématiques d’accessibilité en bibliothèque pour les publics empêchés, en situation de handicap ou d’illettrisme, valeurs que défend la commission AccessibilitéS de l’ABF.

Nous vous proposons donc ici quelques extraits de ce numéro sur ces thématiques, en guise d’ “apéritif de confinement”, en attendant d’avoir le numéro papier dans les mains… 🙂

En espérant que cela vous donne de l’inspiration et des envies de changer… votre bibliothèque… puis le monde !

Nathalie Étienne et Amandine Jacquet

Voici les codes que nous avons utilisés pour mentionner les bibliothèques : Nom de la bibliothèque ou Commune (Type, (Communauté de) Communes, Département ou Pays, Nombre d’habitant·e·s).

Les types de bibliothèques ont été codés de la façon suivante :

  • BP : Bibliothèque publique
  • BD : Bibliothèque départementale

#2 Un espace identifié “facile à lire”

Photo de l'espace "Facile à lire" à la médiathèque de Pierresvives
Crédit photo : CC BY-SA Charlotte Henard

Un espace pour tous et toutes qui présente de face, une sélection d’ouvrages « Faciles à lire », choisis pour leurs critères d’accessibilité et de lisibilité, à la médiathèque de Pierresvives (BD, site ouvert aux publics, Montpellier, Méditerranée Métropole, Hérault, 465 100 hab.). Ces livres bénéficient d’un accompagnement auprès des publics en fragilité linguistique : personnes en situation d’illettrisme, de français langue étrangère, d’alphabétisation, d’empêchement ou de handicap, etc. Un logo permet de les identifier facilement.

logo "Facile à lire"

Voir aussi le Communiqué Facile à lire et d’autres articles concernant Facile à lire sur le blog Accessibib.

#8 Une histoire par téléphone

La bibliothèque de Toronto (BP, Canada, 2 700 000 hab.,) propose aux enfants de 3 à 12 ans d’écouter gratuitement une histoire par téléphone à tout moment de la journée en appelant le service Dial-A-Story (“Appelle une histoire”) de la bibliothèque. 16 langues sont disponibles. Des magnets offerts avec les coordonnées téléphoniques sont à disposition sur les étagères des sections jeunesse des bibliothèques de Toronto.

Découvrez d’autres idées pour aider les enfants à accéder à la littérature jeunesse dans le numéro 100 de Bibliothèque(s). Vous y trouverez par exemple : des chapeaux à histoires (#7),  un Bibphone (#9), ou encore des petits défis à relever seul.e ou en famille (#11) !

Affiche de la bibliothèque de Toronto avec le texte :
Dial-a-Story 416-395-5400
Listen anytime. Available in 15 languages.
tpl.ca/dial-a-story
Crédit photo : © Toronto Public Library

#29 Mallettes adaptées aux DYS

Le réseau des bibliothèques publiques de Suède a mis en place «L’étagère de la Pomme» (Äppelhyllan) : c’est un fonds spécifique pour les enfants avec des besoins spéciaux (dyslexie, difficulté d’apprentissage de la lecture, apprentissage de la langue des signes…) comprenant entre autres des livres tactiles et des mallettes thématiques contenant un livre, la peluche du personnage de l’histoire et des fiches avec les mots et les images de l’histoire.

Les mallettes sont prêtées aux familles avec des enfants DYS ou en situation de difficulté dans l’apprentissage de la compétence lecture, et aux professionnel·le·s concerné·e·s.

D’autres types de prêts en sacs, sacs à dos ou en mallettes à découvrir dans le numéro 100 de Bibliothèque(s).

Lire des articles sur les propositions des bibliothèques concernant les personnes dyslexiques sur le blog Accessibib.

Mallette adapté pour les DYS autour de Mimi la Souris, à la bibliothèque centrale de Goteborg (BP, Suède, 543 000 hab.).
Mallette adapté pour les DYS autour de Mimi la Souris, à la bibliothèque centrale de Goteborg (BP, Suède, 543 000 hab.).
Crédits photos : CC BY-SA Amandine Jacquet

#38 Lire au chien

Afin d’aider les enfants à développer leurs compétences en matière de lecture, ou même dans le cadre de programmes de lutte contre l’illettrisme, certaines bibliothèques proposent de faire la lecture à un chien. En effet, « le chien est une présence vivante qui, contrairement à l’être humain, ne juge pas, ne corrige pas. Lorsqu’on est sans cesse arrêté par les enseignant·e·s, les parents, les orthophonistes, cela n’encourage pas à poursuivre. Le chien offre une écoute bienveillante, chaleureuse, l’enfant est soutenu dans l’effort. », souligne Sophie Jacques, directrice de la médiathèque d’Illkirch Graffenstaden (BP, Bas-Rhin, ‎26 800 hab). Cette bibliothèque a invité un chien et sa médiatrice à venir rencontrer les publics ponctuellement en 2016-2017.

Mais ce service est généralement proposé de manière pérenne et régulière en bibliothèque, comme à Sello (BP, Helsinki, Finlande, 642 000 hab.), Halifax (BP, Canada, 390 100 hab.), Tallinn (BP, Estonie, 426 500 hab.) et le Comté d’El Paso (BP, Colorado, USA, 650 200 hab.). Les Finlandais ont même adapté le concept avec des “vaches de lecture” pour les visites scolaires à la ferme…    

#73 Des outils pour un confort visuel

Affiche de la bibliothèque des Champs libres de Rennes avec le texte : bibliothèque accessible

[…] La BML (BP, Lyon, Rhône, 516 100 hab.) propose un panel d’outils adaptés aux personnes qui lisent difficilement l’imprimé. Des scanners et logiciels de reconnaissance de caractères, des machines à lire qui numérisent tout document imprimé avant d’en faire la lecture grâce à une voix de synthèse, et des loupes numériques : en posant la loupe sur le document à lire ou en utilisant la fonction photo pour capter une image à distance, il est possible de grossir et modifier l’affichage (choix du grossissement, couleurs de fonds et de texte, contraste et luminosité… ).

Vu aussi à la médiathèque du pays de Lunel (BP, Hérault, 25 000 hab.).

De manière plus générale, les bibliothèques s’engagent à favoriser l’accès des personnes en situation de handicap à l’ensemble de leurs espaces et services, à travers la mise à disposition de collections et de matériels adaptés, des espaces et une programmation culturelle accessibles, ainsi qu’un service de médiation. C’est le cas du département « Lire autrement » de l’Alcazar (BP, Marseille, Bouches-du-Rhône, 862 000 hab.) et de l’espace Borges des Champs-Libres (BP, Rennes, Ille-et-Vilaine, 215 000 hab.) qui proposent une informatique adaptée et des collections spécifiques : plage et imprimante braille, téléagrandisseur, scanner avec reconnaissance de caractères, machine à lire, loupes, lecteurs Daisy, logiciels et ressources numériques… 

Retrouvez un exemple de communication décalée pour les appareils Victor (format Daisy #178) dans le numéro 100 de Bibliothèque(s).

Lire des articles relatifs aux personnes en situation de déficience visuelle en bibliothèque sur le blog Accessibib.

#110 Garder le lien malgré l’incarcération

L’accessibilité ne se limite pas à des questions de bâtiment ou de format de documents. Cette problématique est fortement corrélée à la question des publics empêchés et peut déboucher sur des initiatives liées au maintien du lien parents-enfant en cas d’incarcération. La bibliothèque de Brooklyn  (BP, État de New York, USA, 2 533 000 hab.) organise  la lecture d’albums entre enfants et parents en prison, par écran interposé, appelée «TeleStory». Un programme similaire a été implanté à New York (BP, État de New York, USA, 8 623 000 hab.) : visant à améliorer les compétences en lecture tout autant que les relations entre les parents incarcérés et leurs enfants, le programme «Daddy & Me» (et «Mommy & Me») invitait les parents à enregistrer une histoire lue à voix-haute sur un CD qui était ensuite envoyé à l’enfant.

Lire des articles relatifs aux bibliothèques de prison sur le blog AccessibilitéS.

#113 Un accompagnement aux démarches e-administratives

Pour accompagner les publics dans leurs démarches administratives en ligne mais aussi les aider à la rédaction et la mise en forme de courriers, CV, lettre de motivation…, des permanences administratives hebdomadaires sont assurées par une écrivaine publique numérique à la bibliothèque Anne Frank (BP, Saint-Nazaire, Loire-Atlantique, 70 000 hab.) ou par des bibliothécaires (formé·e·s) à Valence Romans Agglo (BP, Drôme, 223 000 hab.) et à Signy-l’Abbaye (BP, Ardennes, 1 400 hab.).

Vu aussi à la BMVR (BP, Marseille, Bouches-du-Rhône, 862 000 hab.) où une association de bénévoles intervient pour tous types de courriers, y compris personnels. En complément, la bibliothèque de Pantin  (BP, Seine-Saint-Denis, 55 000 hab.)  propose une aide à la préparation d’entretiens d’embauche, et l’animatrice multimédia de Cazals (BP, Cazals-Salviac, Lot,  5 300 hab) propose une aide à  la déclaration d’impôts en ligne.

Affiche de la médiathèque publique et universitaire - Valence avec le texte :
Permanences administratives les mercredis, 14h à 17h.
*sauf pendant les vacances scolaires.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Crédit photo : © Médiathèque de Valence Romans-Agglo

#115 Une bibliothèque mobile pour les sans-abri

Crédit photo  : © Street books

« Street Books » est une bibliothèque mobile à vélo, au service des sans-abri de Portland (BP, Oregon, USA, 3 831 100 hab.). Ceux et celles qui l’animent sont des bénévoles qui vont à la rencontre des personnes vivant dans la rue. Les nouveaux·elles adhérent·e·s reçoivent une carte de bibliothèque sans être tenu·e·s de présenter une preuve d’adresse ou d’identité. Au départ, les sceptiques ont déclaré que les livres ne seraient pas restitués.  Même si les sans-abri ont des préoccupations plus urgentes que de rendre un livre de bibliothèque, il s’avère que ça fonctionne plutôt bien, avec un taux de rendu élevé parmi les usager·ère·s régulier·ère·s. Et si parfois certains ouvrages ne sont pas rendus (pluie ou vol), aucune pénalité ne leur est demandée. Chaque retour de livre est un moment fort à célébrer. C’est pourquoi les usager·ère·s sont invité·e·s à être photographié·e·s, pour alimenter  une page du site.

Vu aussi à Bruxelles,  avec l’association Douche Flux.

 D’autres actions au plus près des publics (dans les piscines et les parcs #169,  dans la rue #168 à vélo #171 ou en bibliobus #172…)  à découvrir dans le numéro 100 de Bibliothèque(s).

logo Streetbooks

#117 Une heure du conte inclusive

Crédit photo : © BAnQ

BAnQ (BP, Québec, 542 000 hab.) propose régulièrement aux enfants qui ont des besoins particuliers ou qui ont été diagnostiqués dans le spectre de l’autisme, de participer à cette heure du conte interactive ouverte à tou·te·s. La·le bibliothécaire présente aux participant·e·s l’horaire visuel à l’aide de pictogrammes, puis propose une lecture animée d’une histoire. La Chasse à l’ours de Michael Rosen a par exemple, été sélectionnée en raison de son contenu répétitif qui permet d’anticiper les événements dans l’histoire. Six lieux visités à travers l’histoire avec six sachets à manipuler et à sentir. En fin de séance, un court métrage de sensibilisation à la différence est présenté aux participant·e·s. L’heure du conte se termine avec la fabrication d’un bricolage avec différentes matières à toucher. […]

Description d'une "Heure du conte inclusive" : 
Les enfants qui ont des besoins particuliers ou qui manifestent des troubles du spectre de l'autisme peuvent participer avec leur famille à cette heure du conte interactive.
Dans le cadre de Octobre, mois de l'accessibilité universelle, une initiative des Bibliothèques de Montréal.
Les enfants de moins de 8 ans doivent être supervisés par une personne de 12 ans ou plus.

Lire des articles relatifs à l’accueil des personnes autistes en bibliothèque sur le blog Accessibib.

#118 Des séances de cinéma en audiodescription

À Bourges (BP, Cher, 65 500 hab.), la bibliothèque propose des séances « Voir avec les oreilles » qui font se rencontrer des personnes non-voyantes et malvoyantes, et le grand public qui accepte de se bander les yeux durant le film. Un court-métrage est projeté en audiodescription. À l’issue de cette première projection, chacun·e exprime son ressenti et ce qu’elle·il a imaginé. Une deuxième projection suit avec les images et le bandeau retiré. Des échanges sur les différences de ressenti s’engagent entre les publics. C’est l’occasion pour les personnes non/malvoyantes de témoigner sur leur quotidien et pour l’équipe, de présenter les médias accessibles aux non-voyant·e·s disponibles à la médiathèque : films en audiodescription équipés en braille, livres tactiles et en braille, livres lus… L’objectif de ces séances est de sensibiliser, de dédramatiser, et de briser l’isolement des personnes non-voyantes et malvoyantes, tout en leur rendant accessible la culture au sein des bibliothèques.

Vu aussi à Dijon (BP, Côte-d’Or, 155 000 hab.) et Montpellier (BP, Méditerranée Métropole, Hérault, 465 100 hab.).

pictogramme audiodescription

Lire des articles relatifs aux personnes en situation de déficience visuelle en bibliothèque sur le blog Accessibib.

#170 Des livres dans les halls d’immeubles

Une planche, deux tréteaux, quelques cartons, le SMAE, Service médiation et action éducative des bibliothèques de Rennes (BP, Ille-et-Vilaine, 215 000 hab.) organise depuis plusieurs années l’opération « Bibli-hall ». Ce projet construit en partenariat avec les bailleurs sociaux Aiguillon construction et Archipel habitat ne peut se dérouler sans l’implication de l’agent de proximité ou d’un collectif d’habitants, acteurs essentiels dans la relation avec les résidents des immeubles. Plusieurs fois par an, de 16h à 19h, l’équipe bibliothèque s’installe dans les halls d’immeuble et propose le prêt gratuit d’ouvrages. Ces rendez-vous réguliers sont devenus incontournables pour des habitants qui n’osent pas toujours franchir les portes des bibliothèques. Une action mise en valeur en début d’année dans les abribus de la ville.

Crédit photo : © Bibliothèques de Rennes

D’autres actions hors-les-murs à découvrir – entre autres ! – dans le numéro 100 de Bibliothèque(s) avril 2020.

Pour vous le procurer, c’est par là !

Les auteures :

Après avoir travaillé à la bibliothèque municipale de Valence, Nathalie Étienne occupe désormais un poste d’assistante à la Médiathèque Départementale de la Drôme à CREST (site ouvert aux publics). Elle est responsable du secteur musique et de la communication. Amateure de street art, elle y a organisé divers événements (Yarnbombing, Inside Out Project). Son compte Instagram @knittie_librarian est le reflet de cet intérêt. Elle a collaboré avec Amandine Jacquet à élaborer le dossier « + de 100 idées pour changer ta bib» du numéro 100 de la revue Bibliothèque(s) (ABF, 2020).

Bibliothécaire et formatrice, Amandine Jacquet a travaillé en bibliothèques municipales et départementales, puis à l’Enssib, avant de devenir formatrice et consultante pour les bibliothèques. Elle est membre de la commission internationale de l’ABF et de la section Management des Associations de Bibliothèques (MLAS) de l’IFLA. Elle a coordonné l’ouvrage Bibliothèques troisième lieu (ABF, 2e édition revue et augmentée en 2017, publication en italien 2018), ainsi que l’ouvrage Concevoir une bibliothèque rurale (ABF-ABD, 2018). Elle a collaboré avec Nathalie Étienne à élaborer le dossier « + de 100 idées pour changer ta bib» du numéro 100 de la revue Bibliothèque(s) (ABF, 2020).