Portrait de Catherine Vosgien, référente handicap à la médiathèque municipale Anne Fontaine d’Antony

Cet article est issu de l’intervention de Catherine Vosgien lors de la journée d’étude « Accessibilité et handicap en bibliothèque : vers une organisation pérenne » organisée à la Bpi le 23 novembre 2021 (captation : https://pro.bpi.fr/accessibilite-et-handicap-en-bibliotheque-vers-une-organisation-perenne/ )
Photo de l'Espace Facile à lire avec mobilier et signalétique rouge qui le rend visible au sein de la bibliothèque. La signalétique indique : Espace Facile à Lire de 6 à 16 ans.
Espace Facile à lire de la médiathèque Anne Fontaine

Je m’appelle Catherine Vosgien, je suis responsable de l’espace jeunesse, de l’espace braille et référente handicap (autoproclamée, je vous expliquerai pourquoi !) à la médiathèque municipale Anne Fontaine (2400 m²) de la ville d’Antony (63000 habitants) dans les Hauts-de-Seine. Comme la plupart des personnes, j’ai dans ma famille proche des
personnes touchées par le handicap.

Parcours d’une bibliothécaire territoriale lambda à bibliothécaire référente handicap

Les médiathèques d’Antony possèdent une particularité : un espace braille créé il y a plus de 45 ans [1]. Il y a plus de 18 ans, le directeur de l’époque m’a demandé de chapeauter cet espace jusque-là tenu par des bénévoles. Comme je n’y connaissais pas grand-chose ni au braille ni à la malvoyance, j’ai fait des recherches pour comprendre. J’ai participé à des des journées de formation, j’ai fait des visites de salons spécialisés, de bibliothèques, et j’ai rencontré des lecteurs malvoyants.

Peu à peu, j’ai commencé à monter des partenariats, avec un EMPRO, des associations, un hôpital psychiatrique… et j’ai lancé de plus en plus d’actions, comme des lectures musicales dans le noir, des dîners dans le noir, des projections, des conférences, des spectacles (notamment de Marc Buléon et Frédéric Naud, exceptionnels). J’ai aussi lancé une biennale du handicap en partenariat informel avec des institutions notamment pour des expositions de peinture issues d’ateliers d’art (hôpital psychiatrique du secteur, ou associations, femmes peintres aveugles ou malvoyantes…). Pour moi, il est, en effet, essentiel de ne pas uniquement parler sur les personnes avec handicap mais de leur offrir une place dans la cité, une visibilité, un espace de discussion et de rencontre.

Au bout de quelques années, et à travers toutes ces actions et toutes ces rencontres, j’ai commencé à accumuler des connaissances sur beaucoup de handicaps. J’ai demandé à participer à la commission handicap mise en place depuis longtemps par la mairie d’Antony et à laquelle le maire assiste toujours.

Il y a une dizaine d’années, j’ai senti que nous avions toutefois un déficit dans le domaine de l’inclusion malgré nos nombreuses actions. J’ai également ressenti un manque de visibilité à la fois au sein de la médiathèque (où j’étais juste celle qui s’occupait des personnes en situation de handicap) et au sein de la ville. Je me suis donc autoproclamée référente handicap avec l’aval de ma direction pour donner plus de poids et de visibilité à cette mission.

Ma fiche de poste n’a pas été modifiée pour autant et j’ai même ensuite été nommée responsable jeunesse sans aucun temps dédié spécifiquement au handicap. Cependant ce titre de référent handicap s’est révélé utile pour le public et les institutions, souvent très étonnés qu’un référent handicap existe au sein de médiathèques municipales. J’étais contactée de plus en plus souvent pour l’accueil de stagiaires – ce qui pour moi est un point essentiel. Nous avons ainsi reçu des stagiaires sur de courtes ou longues périodes mais également à l’année une, deux voire trois demi-journées par semaine. Cela demande de l’imagination et la recherche de solutions pratiques mais c’est un axe indispensable. Les stagiaires bousculent notre train-train, on ne s’abrite plus derrière nos collections on est en phase avec l’humain.

Au début, je n’osais pas impliquer les collègues des autres secteurs de la bibliothèque, par peur de les embêter ou de surcharger leur emploi du temps, alors j’ai investi principalement l’équipe de l’espace jeunesse (nous sommes 6). Progressivement, d’autres collègues ont pu s’emparer des questions liées au handicap, à l’occasion de certains projets. Par exemple, suite à des demandes de parents sur des livres DYS, il y a cinq ans, nous avons monté dans le secteur jeunesse un fonds accessible de plus de 300 documents, très fréquenté par des lecteurs avec problème de lectures mais aussi bien plus largement. Dans la foulée, les collègues des autres espaces et de l’autre médiathèque ont lancé une réflexion sur leurs collections et sont en train de finaliser un espace Facile à lire adulte et jeunesse.

Sachant que je partais à la retraite dans deux ou trois ans, je me suis inquiétée du devenir de ce poste de référent. Bien sûr d’autres collègues participent à l’accueil des personnes avec handicap mais j’ai bien compris depuis toutes ces années que le rôle du référent était indispensable et qu’il devait survivre à la personne en poste. Le rôle du référent handicap est en effet primordial, et le pérenniser est une nécessité !


[1] Nous avons la double compétence de centre de transcription et de bibliothèque. Nous prêtons gratuitement nos livres en braille dans toute la France et vers les pays francophones. Dans ce domaine la mutualisation des ressources est absolument indispensable. Alors n’hésitez pas, adressez-nous vos lecteurs de braille ! http://www.inja.fr/Default/doc/ADRESSE/ADRESSE_3/mediatheque-anne-fontaine-d-antony-espace-braille

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